Les éditions Foin ont imaginé un parcours avec quatre librairies du Finistère pour faire entendre des extraits du recueil Déleste (j’y songe et puis j’oublie), par la voix de son auteur, David Grall. Pensée dans l’idée d’approcher le voisinage de certains des lieux et paysages qui constellent l’ouvrage, cette tournée se voudra aussi l’occasion d’évoquer les aspirations qui animent les éditions Foin, une aventure lancée à Douarnenez en 2020. 

En une cinquantaine de fragments écrits en prose ou en vers libre, Déleste compose un jeu de pistes entre l’auteur, ses fantômes, ses génies, et quelques autres corps avec lesquels il s’effleure, se love, ou s'embrase. On y navigue avec gourmandise entre déluges de sensations peu recommandées par le Ministère de la Santé et suspens d’étale. Bercée d’instincts qui ont fait la sève du mouvement romantique, la veine poursuivie par David Grall aiguise des horizons en fractale. La topographie qu’il dévoile au fil du recueil emprunte ainsi à des ressorts plus volontiers affectifs et intimes qu’à des élans naturalistes. Le désir et ses affres y font office d’une signalétique pleine de mordant. S’y découvre un Finistère à cœur ouvert, tel un creuset des passions parsemé d'indices biographiques et d’introspections pétries de varech. Il en va d’une d’une poétique des brumes et du hantement, à moins qu’il ne s’agisse de toute autre chose… d’une quête d’épure, ou d’une extase qui déborderait gaiement des pourtours océaniques. Et comme le dit l’auteur en préambule, par ce « déleste », il entend aussi du « céleste », « et sa délectation ». 

David Grall n’est pas un dandy, mais il en vêt quelques habits. Pour l’occasion de ces rencontres, il mettra en musique et en chant certains de ses poèmes car c’est là une autre de ses casquettes. Il est un ami du collectif qui anime les éditions Foin, une formation qui œuvre avec la boussole du coup de cœur, et l’envie de fabriquer des objets avec soin, sans démesure de tirages. Un penchant du moment pourrait même être celui de la poésie de voisinage, celle qui est là, à portée de crayon, et qui ne dit pas toujours son nom. À cet égard, le dernier objet édité en date s’intitule Anthologie (très partielle) de poésie douarneniste, il s’agit d’une parution à la lisière du recueil, de la brochure, de la revue. Elle est fruit d’une collecte lancée à l’attention des habitant·es de la cité penn sardin et à celles et ceux qui la fréquentent. Quelques boîtes avaient été installées à l’été 2022 dans plusieurs lieux de la ville dans le but que chacun·e puisse y déposer un poème, qu’il ait été écrit pour l’occasion, ou bien qu’il ait été exhumé d’un tiroir ou d’un carnet pour faire rebond. L’ensemble des propositions a ainsi fait l’objet d’une édition parue fin novembre 2023, et cette tournée en d’autres terres de Finistère permettra de faire résonner la démarche et de partager les mots qui s’y déposent, dans la multiplicité des langues et des éclats. 

Avec David Grall, auteur, et Solenn Caroff et Robin Mercier, pour les éditions Foin